23 novembre – 26 janvier
Vernissage le 23 novembre de 18h à 21h
Les rapports que nous entretenons avec le monde ne sont pas homogènes mais toujours composites. Ils s’expriment ainsi de différentes manières selon le contexte de leur existence et de la personne qui initie ces rapports.
Selon Charles Stepanoff dans son livre Attachements, Enquête sur nos lien au-delà de l’humain « Chaque être est divisé en deux niveaux qui se projettent l’un dans le visible sous forme d’un corps, l’autre dans l’invisible par son âme ou son esprit, c’est à dire ses dispositions à interagir avec le monde en tant que sujet. Percevoir des subjectivités* parmi les non-humains implique souvent de postuler et explorer une dimension invisible de leur existence, échappant aux perception sensorielles ».
Ce double niveau d’interaction se retrouve principalement dans les sociétés de type totemiste. Philippe Descola explique que le totémisme caractérise des sociétés où il y a une identité à la fois dans l’intériorité et la physicalité des groupes d’humains et de « leurs » correspondants non-humains. Pour Claude Levi-Strauss, le totémisme serait ainsi une manière de nommer un rapport fusionnel à la nature, à l’opposé du mode de pensée occidental qui dissocie nature et culture.
Un « totem » s’incarne donc symboliquement comme un emblème, un fétiche, un porte-bonheur ou un élément protecteur par celleux qui le désignent ainsi. Il personnifie un clan, une famille et désigne de manière emblématique le type de relation que leurs membres entretiennent avec leur environnement. Il peut s’incarner tant dans un être que dans une chose. Comme l’explique le chaman chukch Korawge , cité dans le livre de Charles Stépanoff, dans le totémisme un : « Tout être est vivant : la lampe marche, les murs de la maison ont leur voix […]. Les ramures de renne déposées sur la tombe se lèvent la nuit et vont en procession autour des monticules, et les défunts eux-mêmes se lèvent et vont visiter les vivants », le principal étant l’incarnation du monde qu’il représente pour ceux qui le désignent.
L’exposition « Totems » rassemble ainsi des artistes qui expriment à travers une de leurs œuvres leurs propres rapport et représentation du monde. Elle est une invitation au visiteur à y trouver son propre totem et à l’emporter avec lui.
*L’intersubjectivité est l’idée que les hommes sont des sujets pensants capables de prendre en considération la pensée d’autrui dans leur jugement propre.
Avec Hélène Bleys, Pascal Brateau, Sophie Chazal, Estelle Chrétien, Miguel Costa, Julie Freichel, Sophie Lécuyer, Emma Perrochon, Aurélie Pertusot, Céline Poutas, Eva Prusiewicz, Yumi Takeuchi & Paul Hommage, Tsugi et Marina Uribe