L’exposition de Julie Deustch Urvarà* est un portrait du territoire du Plateau de Haye ou plutôt des territoires car comme l’indique Vinciane Despret, dans son livre Habiter en oiseaux, « il n’y a pas une manière de faire territoire, mais de multiples formes… ». C’est justement ces différentes façons de vivre le plateau qu’évoque Julie Deustch à travers les images qu’elle a encollées sur les murs des immeubles des quartiers qui le composent et les témoignages sonores qui les accompagnent parfois. Des photographies et des paroles qui évoquent cette multiplicité d’habitats et de vies à travers le temps, les temps d’une année.
Au fil des photos, on voit ainsi les couleurs ensoleillées de l’été, les ors de l’automne, le blanc de l’hiver et le retour chatoyant du printemps. On y vit le cycle de la nature, de tout ce qui forme la nature : végétation, animaux, femmes, hommes et enfants. Ce portrait, c’est d’ailleurs à travers les yeux et les paroles de tout ce qui constitue le plateau qu’il s’est construit. Tout ce « monde » qui y cohabite ou tente de le faire. Car ce plateau, c’est comme un village qu’il faut lelire et le regarder. Un village riche de son environnement, de ses cultures, de ses langues et de ses histoires de vie.
Cette diversité de vie se reflète dans les photographies de l’exposition, dans leur dissémination sur le territoire. Elles ne sont pas regroupées dans un endroit, ni en continu, mais s’organisent par ilots. Un archipel d’images qui incarne le cosmopolitisme qui compose ce territoire. Un archipel d’histoires aussi qui leraconte à travers une figure récurrente, celle des oiseaux. Car les oiseaux ressemblent aux humains. Il en y a des sédentaires, qui jamais ne s’éloignent de là où ils sont nés. Et puis il y a ceux qui parcourent des milliers de kilomètres pour trouver, un instant ou une éternité, un lieu où se reposer, où vivre tout simplement dans un meilleur attendu. Sur cette canopée bigarrée, ils vivent les uns à côté des autres, seuls, en couples ou en famille, sur le même horizon ou la même verticalité. Mais toujours les oiseaux se mélangent, cohabitent, s’appréhendent, prennent soin les uns des autres, apprennent les uns des autres.
Cette diversité se reflète aussi à travers les paroles des habitants. Ces paroles qui mettent alors les images en mouvement, permettent de les ressentir différemment. Parfois, on tombera justesur un instant sonore, matérialisé par un QR code posé au sol, et à ce moment c’est le paysage que l’on regarde qui se mettra en mouvement au rythme de l’écoute. Comme un film que chacun réaliserait pour soi à travers cet archipel d’images et de paroles représentant une multitude de pensées ou une pensée multiple, celle du Tout-Monde d’Edouard Glissant qui raconte en récits et poésies successives toute la beauté qu’incarne la diversité du monde, cette créolisation qui célèbre la cohabitation respectueuse des cultures et des identités, l’attention portée tout simplement à l’autre.
À travers Urvarà*, Julie Deutsch nous convie ainsi à simplement « apprendre à connaitre, […] apprendre comment des différences comptent et l’apprendre dans les risques et les effets de la rencontre ».
*urvarà, du sanscrit, signifie terre fertile
Julie Deustch_Urvarà
Du 12 juillet au 11 septembre
Vernissage le 12 juillet à 17h30, le vernissage sera précédé d’une randonnée urbaine de 14h à 17h
Plateau de haye
Des visites guidées sont organisées tous les mercredis à 10h. Renseignements et inscriptions par mail à contact@opn-space.com ou par téléphone au 06.79.76.58.21
Cette résidence et cette exposition ont été rendues possible grâce au soutien de la région Grand Est dans le cadre du dispositif « résidence mission territoire », de la DRAC Grand Est, de la ville de Nancy, de la ville de Laxou, de la ville de Maxéville, de la métropole du Grand Nancy, du département de Meurthe et Moselle, de l’ANCT, de la DDETS Meurthe et Moselle, de l’OMH du Grand Nancy et de MMH. Nous tenons plus particulièrement à remercier pour leur accompagnement tout au long de ce projet Anne André, Julie Antoine, Virginie Astaing, Franck Bauchard, Martine Bernard, Kader Dali, Johan Freichel, Julie Freichel, Laurent Harrous, Martin Lau, Franck Legrand, Angelina Quenel, Emilie Royer, Laurence Sitz et Frédéric Thibaut. Nous adressons aussi nos sincères remerciements pour leur précieuse aide à toutes les personnes que Julie Deutsch a rencontré lors de son séjour et plus précisément à Daam Lô, Khaled Marouani, Gabrielle Michaudel, les marcheurs, Alain, Danielle, Gislaine, Jean-Louis, Josette, Michèle, Yves… Marie-Odile Fiorletta et l’équipe de la médiathèque Haut-du-Lièvre pour nos précieuses et nombreuses collaborations, Nadia Ben Aguida et l’équipe de la MJC, ainsi que les équipes de la Clairière et du Buisson Ardent et du CRIL. Nous remercions également tou.te.s les participant.e.s aux ateliers menés dans le cadre de la résidence de Julie Deutsch.
Nous remercions enfin toutes les personnes qui nous ont aidé dans l’installation de l’exposition ; Carls, Denis et Hugo G, Malo, Barbara, Doniphan, Thomas C, Hugo, Jerôme, Charlotte, Magalie, Thomas B, et la société Acrotir.